Alexandra Folie ©
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Mission Accomplie


Ils sont partout

Ils sont partout.

Ils crient, Ils sont toujours présents la nuit. Ils veulent me montrer les choses qui les font souffrir ou qui les mettent en colère.

La nuit, je suis comme une maison hantée sans mur, format géant. Il y a de la place pour tout le monde. Je ne peux fermer ni porte ni fenêtre. La nuit je ne suis pas moi, je suis tout le monde. Je suis ceux qui souffrent le plus et qui demeurent sans repos.

Je suis à leur service. Ce n’est pas mon choix, je n’ai pas le choix. Une tâche qu’on m’a donnée de force. Ainsi, la nuit depuis toute petite, j’écoute ces âmes tourmentées. Alors elles sont moins seules dans leurs tourments, moins oubliées j’ai supposé pendant longtemps.

Jusqu’à récemment, je ne comprenais pas. Je ne savais pas pourquoi je n’étais pas à moi la nuit, pourquoi j’étais à eux. C’est ça qui a été le plus difficile à vivre, ne pas pouvoir comprendre pourquoi, pendant 3 décennies. J’ai dû regarder ainsi leurs souffrances qui me fusillaient jusqu’au réveil, de terreurs nocturnes transformées en épilepsie nocturne à l’adolescence.

Plusieurs fois, je me suis réveillée, sans notion de temps. Jusqu’à avoir peur de moi-même plus que tout. Je n’avais aucun pouvoir sur moi-même ni sur ce phénomène. Aucun médecin, aucun médicament ni moi-même ne semblaient pouvoir me guérir de cette chose.

Très jeune, j’ai appris à accepter d’ignorer et à accepter l’éventualité de ma mort. Je prenais conscience de mes limitations et de celles des autres. Je ne savais jamais quand je ne me réveillerais pas, quand l’horreur et la douleur consumeraient mon corps et brûleraient mon cerveau une fois de trop. J’ai compris tôt que j’étais seule, sans pouvoir ni personne pour m’aider et encore moins pour me comprendre.

Aujourd’hui, je vais mieux. Je suis un miracle car je suis en vie. Quand je me réveille, je sais qu’une journée m’a encore été accordée et je me sens reconnaissante. Je n’aime pas dormir. Comme une enfant, je repousse souvent la nuit pour ne pas devoir me retrouver dans le même lit. J’ai dormi pendant 6 ans sur un divan. Mon espace sans rideau ne me cachait non plus du soleil. Pas de chambre, ainsi je repoussais la nuit.  J’avais l’illusion d’avoir moins peur quand il me fallait me coucher de force, retrouver ces habituels films d’horreurs nocturnes. Pendant des années j’ai ajusté mon alarme de réveil à chaque 3 heures pour éviter la crise d’épilepsie, je me réveillais de force ainsi, après chaque 3 heures de sommeil pour rester 30 minutes (de force),  dégrisée de mes chimères, assez pour repartir « à neuf ». C’était tellement épuisant, mais c’était ça ou l’épuisement des crises.

Heureusement, plus les jours avancent plus j’en arrive à terminer ce puzzle de mes nuits. Je parviens à assembler enfin ses pièces chaotiques. Y mettre de l’ordre et du sens m’était jadis tel un interdit. Mais je finis par entrevoir qu’il y avait possiblement un dessein à tout ça, que je n’étais pas la proie du hasard, que tout ça n’était pas le fait de la simple malchance.

Ce sont les questions et les maux de mes visiteurs nocturnes, comme des parchemins télépathiques, qui m’ont maintenue si activement en vie pendant le jour et si inspirée dans mes recherches diurnes. Cette passion « par défaut » que j’ai fini par nommer avec le temps. Celle d’essayer de comprendre, trouver des remèdes, des solutions à la réconciliation et à la souffrance qu’on semblait subir, dans notre fatalité d’être liées ces âmes et moi. Tant de conflits. Tant d’horreurs. Tant de maux d’étrangers venant de partout me demander de leur porter attention la nuit, encore. Encore. 

C’est comme ça qu’au fil des années j’ai accumulé des traumatismes débordant ma propre imagination. Des cauchemars que je garde en mémoire vive de leurs émotions et blessures, jusqu’au douleurs physiques de mes réveils agités et vidés d’énergie. J’ai compris que je suis pour eux comme une maman ou une prêtresse à qui l’on se confesse de tout, un réceptacle de compréhension, de présence et d’amour inconditionnelle pour ces âmes qui cherchent la protection et le soulagement, un bunker pour ceux qui ont le plus peur. J’étais tout ça pour eux, alors que je vivais l’incompréhension de ce phénomène, l’impossibilité de me protéger et d’en être soulagée. J’étais pour les autres ce dont j’avais le plus besoin d’un ami, jusqu’à devenir cette personne pour moi-même que j’attendais et qui ne venait jamais. J’ai embrassé totalement ma solitude. J’appris de mon autisme plus tard, comme ça. Ça a pris beaucoup de temps, mais en grand c’est comme ça les sentiments.

On me dit et me montre tout sans rien me cacher. Je suis leur témoin. Ça m’a pris plusieurs années avant de savoir quoi faire de tout ça, mise-à-part regarder les catastrophes passées et les violences subies à répétition chaque nuit. Savoir ce que l’on attendait de moi et le comprendre a été un long parcours extrêmement exigeant. Cependant, plus mes travaux diurnes ont pris forme, plus mes visiteurs se sont dissipés. C’est alors que j’ai su que j’avais dû répondre enfin à leurs besoins, leurs cris compris. J’étais sur la bonne voie. C’était ça donc? Ce que j’étais venu faire ici en ce qui les concerne Unanima.be. J’avais tellement poliment espoir de pouvoir sortir un jour de cet interminable tunnel. 

Deux types d’âmes me visitent. Le premier type sont des âmes souffrantes souvent inoffensives, assez gentilles, discrètes, certaines plus bavardes et articulées, d’autres ne communicant que par des signes et visuels  (elles m’emmènent dans des situations et des événements pour que je sois témoin de ce qu’elles veulent que je sache). Le plus souvent, ces âmes ont été victimes d’une injustice, d’un mal ou d’un abus qui a été négligé jusqu’alors. J’ai peu de visites d’âmes ayant subi de véritables accidents, si ce n’est des catastrophes jamais bien naturelles… Les visiteurs qui viennent à moi portent toujours un lourd fardeau de tristesse. Ils cherchent à se libérer de quelque chose qui est demeuré impardonnable. Ils ont besoin de le montrer et d’obtenir une justice, de l’écoute, une libération intérieure. Ils cherchent une réparation qui n’est jamais venue. Ils sont en attente de quelque chose et ils ont ça en commun. Tous sans exception semblent avoir souffert d’indifférence.

Le second type d’âmes qui me visitent, c’est des démons, ils ont basculé dans les ténèbres. Ce sont eux qui m’ont causé le plus de tourments, de traumatismes, et de cas de conscience. Je sais aujourd’hui qu’une personne saine d’esprit ne pourrait avoir volontairement accepté de se charger d’une telle activité,  on ne peut que la subir on y est forcément contraint. J’ignore si j’ai fait un pacte avant de descendre sur terre, si mon voeu de servir avait dépassé la raison, ou si c’est une responsabilité forcée, mais à ce jour je sais qu’il faut être hors de son esprit pour traiter avec ce genre d’âmes. Parce qu’on y laisse la santé sans pouvoir en aucune façon, ni fuir ni faire autrement. Il faut subir ces films d’horreur en boucle, subir les enfers de tout le monde en plus d’être obligé de les aider. 

Si je n’avais eu que des visiteurs du premier type, ma vie diurne aurait été complètement différente et presque « normale », sans le moindre doute.

Les âmes démons ont chamboulé tout mon parcours existentiel. Elles sont ce que j’ai vu de plus noir et paradoxalement de plus illuminé de toute mon existence. C’est un combat de survivre à autant de souffrance et de secrets non dévoilés. Elles ont été éprouvantes à l’extrême et on ne peut plus lourdes d’apprentissages. Elles sont souvent des victimes devenues elles-mêmes des bourreaux, avec une rage et une haine au coeur pour tout ce qu’elles ont subi quand ce n’est pas pour tout ce qui existe, jusqu’à ce que justice, leur justice soit faite.

Ce qui les différencie du premier type, c’est qu’elles n’ont pas toujours forme humaine telle qu’on la connait. Mais lorsqu’elles ont une forme plus humaine, je les reconnais à leur couleur.  Elles portent toutes ce même espèce de voile terne comme si elles ressortaient d’un film noir et blanc. Leur agitation et leur force n’est pas du tout la même non plus. Elles ont une fougue et une vitesse de déplacement totalement chaotiques. Elles débordent de force et d’énergie. Leur colère infinie leur donne ce pouvoir de devenir telles des batteries sans besoin d’être rechargées jamais. Il y a deux genres de démons. 

Il y a ceux qui se présentent de manière impressionnante, extrêmement vigoureuse et bruyante, ils dégagent la peur, le vitriol émotionnel de leur représentation. Ce sont les démons déments. Ils font peur car ils ont peur plus que tout. Ils semblent conserver une partie du contrôle d’eux-mêmes ainsi. Ils en font trop pour échanger, trop de violence, trop de mouvement, trop de cris, trop de bruit, trop de colère, trop de menaces, trop d’impatience. Ils souffrent tellement et sont tellement en besoin, qu’ils n’ont rien d’autre que ce trou là à exprimer. Ils ne peuvent ni voir ni entendre rien d’autre qu’eux-même. Ils ont de profonds besoins, mais ne sont même pas en état de les réclamer. Leur violence est comme une réaction à leur manque de pouvoir, une forme d’aveu d’impuissance. De la haine à l’état pur. Ni rien ni eux-même ne peut les contrôler. Ces esprits sont comme des grands enfants immatures, version purement haineuse et démoniaque. Ils ont l’égo si fragile qu’il m’est quasi impossible d’échanger avec eux. Gagner leur confiance se fait avec des milliers de gants blanc. Ils sont vraiment à l’image des démons imaginaires typiques des films. Ce n’est pas le cas de l’autre genre de démons. 

Les pires démons sont si profonds dans leur noirceur qu’ils semblent complètement détachés, ils ne font plus partie des autres. Ce sont les démons déterminés. Rien ne pourra plus les atteindre, ce qui glace le sang car en leur présence on le perçoit clairement. Ce sont les plus humanoïdes et les plus inhumaines des âmes sombres. Ils ont touchés le fond du fond, trop de fois. Ils ont le pouvoir et le contrôle sur tout ce qui se passe. Ils sont imperturbables et fermes. Ils ressemblent à de grands princes noir sages psychopathes avec des connaissances que l’on ne s’imagine pas. Ils sont très robustes, angulaires comme taillés au couteau. Contrairement aux démons déments (qui ont des formes extrêmement variables), ces derniers se ressemblent tous et ne sont pas à l’image de ce que l’on voit dans les films. Ils font peur mais moins que les premiers dans leur forme. Ils font environ 2 mètres avec de grandes épaules larges. Ils sont plutôt beaux pour peu qu’on soit sensible au charme ténébreux. 

Les démons déments et les démons déterminés représentent tous assez bien ce qu’ils dégagent. Les premiers sont laids et font peur plus que n’importe quoi, ils ne s’aiment pas, ils se dégoûtent, la peur qu’ils représentent est une façade. Les seconds ne donnent pas le sentiment d’amour propre. Il n’y a plus de place pour l’amour en eux, ni pour les autres ni l’amour propre. La valeur de beaucoup de choses dont celle de soi leur a été enlevée, le « je » n’est pratiquement plus là et ils obéissent à une « Raison Ultime » dont ils sont les serviteurs. Les démons déterminés ont compris des choses qui échappent aux démons déments. Les déments répètent « moi, moi, moi », pas les déterminés. Dominants malgré tout, ils commettent les pires horreurs que j’ai vues, toujours à dessein. La violence qu’ils pratiquent est inimaginable, il faut le voir pour le croire. Les démons déterminés ont été mon plus lourd fardeau psychologique. Ils sont puissants, contrairement aux autres qui sont en manque de puissance soumis à leurs émotions d’un feu sans fin. Leur unique but est de prendre et détruire ce qu’ils ont perdu eux-même, ou à défaut de semer la haine et la peur. Ils sont centrés sur eux-même rebelles à tout. Ils œuvrent uniquement pour eux-même. Chez les déterminés, les actions violentes sont en contrôle. Ils sont de glace dans une forme de « paix noire » très dérangeante. C’est avec ces derniers que j’ai été amenée à communiquer, apprendre et coopérer le plus souvent. 

Mes visiteuses féminines sont uniquement des âmes tourmentées du premier type. Les démons sont tous masculins,  sans exception. Je n’ai aucune réponse à ce mystère.

Quand les démons débarquaient, ils ne savaient pas obtenir ma collaboration. Qui veut accueillir, écouter, être présent, ou ne serait-ce que traiter avec une gang d’esprits démoniaques purement haineux, dangereux et profondément trous-de-cul ? Non, ce n’était juste pas ma tasse de thé. Je ne voulais rien savoir d’eux quand ils débarquaient chez moi comme ça la nuit, comme des boss de l’enfer qu’il fallait… que j’écoute? 

J’avais tendance à leur répondre avec toujours le même sentiment : ‘’ Bon t’es énervé là… mais pour qui tu te prends… même envoyé par Satan avec tes 8 menaces de mort en 2 minutes, change d’air si tu viens me voir pour demander ou me dire quelque chose. Il y a des limites à respecter si tu veux connecter trouve la façon, même si tu contiens dix milles fois plus de rage que l’enfer tout seul.

C’était donc ça ma relation avec eux pendant des années, avant que j’en vienne à leur parler. 

J’ai refusé de m’intéresser aux démons pendant plus de la moitié de ma vie, cela malgré tout ce qu’ils pouvaient me faire subir, y mettre comme rage, cris et menaces pour attirer mon attention ou me faire céder. À la longue, leur obstination égale à la mienne m’a beaucoup appris. Au départ, ne pas échanger avec eux m’a coûté très cher en énergie, surtout en temps, en combat et souffrance (crises d’épilepsie, troubles de santé physique généralisés) ils ne me laissaient jamais tranquille. Ils se foutaient de mon choix, comme je me foutais bien du leur. Je ne voulais pas, mais eux voulaient. Il fallait que l’un cède pour que tout s’arrête. Ma santé se détériorant sérieusement, j’ai fini par céder, au dernier moment.

Notre approche a beaucoup évolué les années suivantes. Nous avons pu arriver à nous libérer de notre ignorance mutuelle et nous aider. Nous avons appris d’autant plus de choses, même si ça n’a pas été de tout repos. Ça a toujours fait mal aux yeux et au coeur, avec ou sans corps. S’ils n’avaient pas réussi à casser mon obstination et moi en partie la leur, s’ils n’avaient pas insisté et dérangé mon âme comme je dérangeais la leur pour qu’ils s’accrochent et s’obstinent à ce point, je ne pense pas que nous aurions la connaissance et les résultats que nous avons acquis et construit ensemble aujourd’hui. Nous n’aurions pas la libération et l’existence que nous avons aujourd’hui non plus chacun dans nos mondes. Les uns avaient besoin de l’autre dans un savoir conscient, l’autre avait besoin des uns dans un savoir qui allait le devenir.

Tout ce que je crée de plus exigent aujourd’hui est inspiré par mes échanges avec eux. Le but commun était une libération malgré nos différences, la haine ou le respect ressentis entre nous. C’est ce que je conserve de plus beau de mes entretiens avec ces âmes : La valeur de nos liens devait dépasser toutes nos identités de formes, émotionnelles et mentales pour ce qui nous unissait vraiment, afin de créer ensemble ce qu’il y a de meilleur de soi dans nos mondes respectif étroitement liés.

Je n’avais jamais envisagé coopérer un jour, avec les êtres en qui je me reconnaissais le moins au départ et les moins aimés de plusieurs… Pour me retrouver à la fin, dans ce que j’allais vivre de plus révélateur, profond, sincère et productif comme liens, malgré l’horreur. Je n’ai pas vécu à ce point de tels liens de coopération avec des vivants aux valeurs et mentalités différentes de la mienne, bien que je recherche de plus en plus ce genre de connexion avec les gens de mon entourage. Il y a rien de plus puissant et fascinant que de créer avec les êtres différents de soi et on est si peu encore pourtant, à être rendus là.

Ce qui est sombre et ce qui est lumière sont extrêmement confondus. La ligne entre les deux s’appelle Ignorance. Je fais les distinctions, mais je sais que la noirceur peut voir clairement et que la lumière peut être celle qui nous aveugle complètement. Connaître c’est voir mais voir peut être fatal pour celui qui ne le veut pas ou ne s’y est pas préparé.

J’ai demandé à voir aussi tôt que je me souvienne, préférant la vérité aux émotions, car je ne savais pas nager dans les eaux brouillées. Tout ce que j’ignorais et qui faisait mal, je voulais pouvoir le comprendre clairement pour aider à le solutionner. Le monde si bruyant autour, les guerres, les disputes, les conflits, les gens tristes, etc… Mais pour Voir, il y a des étapes que je ne connaissais pas au départ. C’était ma première ignorance. Si j’avais su ce qui m’attendait pour voir à la mesure que je le demandais, je n’aurais pas usé autant de rigidité. C’était ça ma folie principale, l’ignorance de la douleur de ce qu’allait me demander de Voir au-delà de ma subjectivité.

Il y a une préparation, ça commence par casser notre volonté propre c’est-à-dire ne plus vouloir ce que l’on veut, être préparé à faire face à nos pires démons, être préparé à nous mettre à la place des autres, à défaire chacun de nos préjugés, réaliser notre ignorance, l’accueillir totalement. Ensuite, c’est vivre une extrême souffrance, l’anéantissement de différentes couches d’égo figées (telles les identités, physiques, émotionnelles, mentales)… faire le vide pour recevoir ce qu’on a demandé (Voir). Ces âmes m’ont fait passer par toutes les étapes afin de me montrer ce qu’eux voient et vivent, ce que je souhaitais apaiser, autant qu’eux. Je me suis écroulée de voir ce qu’ils ont vu et vécu et j’ai fini par comprendre mieux, eux, moi, les autres.

Dans mon expérience subjective, c’est seulement des années plus tard que j’ai compris pourquoi je n’avais pas eu le choix de passer par là pour être capable d’accéder au savoir que je demandais. Comprendre les sentiments, comprendre l’origine des pires souffrances, apprendre comment être capable d’aider eux, moi-même et les autres, nous tous qui sommes tous liés, comprendre ce que signifie vraiment « indifférence », parler le même langage, partager ce qui n’est pas encore commun, arriver à s’entraider, toute cette Grande Intimité. Je croyais qu’il n’y avait rien de pire que ces âmes démoniaques avant que je comprenne après ces étapes ce qui nous réunissait et le pourquoi de cette nécessité, tout ce qu’elles m’ont fait subir dans ce choix que j’avais fait au départ… Elles n’avaient pas le choix. Parler la même langue m’a demandé une immersion totale sur une terre méconnue.

Ni la lumière ni la noirceur ne peuvent se suffire pour le bien de soi et de l’autre. C’est dans la coopération avec ce qui est le plus différent de soi que des trésors communs et complémentaires de libération jaillissent. Aussi, je pense aujourd’hui que nous finissons par nous assembler souvent avec ceux de mêmes volontés que soi. Par exemple, moi et eux avions des buts parfaitement communs et une souffrance qui était commune, même si nous étions noir et blanc. Nos buts nous ont fait nous attirer, nous rassembler et coopérer, découvrir comment on s’était finalement mis dans une guerre de pure souffrances: cette division dans notre substance.

…Donc, jusqu’au jour où eux et moi avons fait le vœu de sortir de la souffrance, nous avons dû nous unir pour sortir de cet enfer. Des rencontres étrangères viennent bouleverser nos vies sur la voie de nos quêtes. 

Nous sommes l’existence entre les deux extrêmes et nous allons d’un extrême à l’autre. Parfois nous n’avons aucun mur, ouverts de partout, tout nous traverse… nous n’avons pas de protection (trop de fond, pas assez de forme, pas d’identité, pas d’ego sain) et nous devons réapprendre comment construire des murs d’ignorance…

D’autres fois nous ne sommes que ça, des murs (trop d’ego, d’identités, trop de forme, pas assez de fond) fermés à tout et tous, et nous devons apprendre comment les détruire pour sortir des souffrances de l’ignorance… Construire des murs comme les abattre, sont deux choses qui peuvent être très difficiles ou contre-intuitives à faire pour nombre d’entre nous. C’est un apprentissage plus ou moins long.

Je n’ai jamais bien parlé de tout cela à ceux qui m’entourent avec mes vrais mots. Parce que je ne comprenais pas ce que je comprends mieux aujourd’hui, aussi car ça m’a rassurée pendant un temps, de croire également que ce n’était que des cauchemars, je n’avais personne pour me comprendre et me rassurer sur ce phénomène que je vivais, personne proche de moi ne semblait vivre ça. J’avais aussi peur de faire peur et d’être bizarre pour ceux que j’aime et j’essayais de le cacher, même à moi-même. J’avais peur d’éloigner les personnes qui comptent pour moi. J’avais honte. S’il y avait qu’une seule chose dont j’aimerais pouvoir être soulagée dans la vie, c’est de ce sentiment de honte de soi constant avec lequel je dois vivre tout les jours. C’est un travail de tout les jours, de combattre ce sentiment.

De plus, qui croit aux rencontres nocturnes et aux fantômes? Moi même, j’ai refusé d’admettre cette réalité. Il m’a fallu de nombreuses années pour l’assumer, apprendre qu’il y a beaucoup de rencontres qui se font durant la nuit, beaucoup d’appels, de projets communs et de réponses s’y croisent à ne plus vraiment pouvoir séparer la nuit du jour. Je crois qu’il est possible que les âmes se rencontrent plus facilement la nuit. Il y a beaucoup d’activités qui se déroulent et ces activités influent sur notre vie diurne. C’est la vérité que j’ai apprise en regardant ma vie le jour et tous ceux que j’ai rencontrés durant la nuit, et qui ont influencé la majeure partie de la mienne. Des gens de partout il y a de tout. Ce ne sont pas tous des morts, beaucoup marchent ici, ce sont aussi des gens comme vous et moi, que vous n’avez jamais vu, mais que vous pourriez voir prochainement.

J’ai appris à vivre avec tous ces phénomènes et tous ces gens, dans une mémoire claire dans la solitude et le secret. J’ouvre maintenant ce portail riche d’expériences et d’histoires vécues par des gens de toutes époques et contextes, de toutes connaissances et découvertes partagées, que ça plaise ou pas aux gens que j’aime comme aux étrangers.

Rendez-vous prochainement dans « Le Jardin des Âmes », où j’espère, via l’écriture, vous parler sans tabou de mon expérience avec cet autre monde, telle que je l’ai vécue et libérer petit à petit les souffrances de mes visiteurs nocturnes (les miennes aussi), trop longtemps endormies dans une grande cage de silence et d’indifférence.

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